Les Moulins des Nièvres- Nevers

Actualités historiques Les rivières Nièvre

Rédaction et photos : Philippe Landry

Nevers

Liste des moulins connus de moi, avec la date la plus ancienne d’existence trouvée :  fin XVIIIe siècle : 21 moulins dont 11 à blé, 2 à vent, 7 à faïence, un à ciment, un à porcelaine et un à tan (selon Florenty) Chausefosse 1143, Autorisés en 1168 Pilavoine et Chapitre. Loire : vers 1200. la Ronde 1253 ; Givry 1286 ; St-Trohé (Mauvezin) XIIIe ; Martelet 1368 ; St-Arigle ou la Porte-Thirault 1382. Ninchat 1400 ; la Chévrerie 1419 ;  “moulins à chevaux” (actuelle rue Hippolyte-Taine) 1419 ; St-Nicolas 1401 ; Pont-Cizeau 1442 ; St-Gildard (Fontaine d’Argent ou la Passière) XVe ; Moulin vers la rue de l’Aiguillon 1412 ;  un moulin au confluent de la Pique et de la Nièvre 1729. Sur la carte Cassini dressée dans les années 1750 : 3 moulins sur la Nièvre en plus de Pilavoine, 3 sur la Passière et 2 sur une dérivation de la Nièvre proche de l’Eperon. La Porte du Croux 1779. Mazois 1785 ; Moulin d’Ecorce 1788 ; Taillandier 1789. Laudelle 1790. Moulin de la Pique sur Nevers en l’an IV. ; Crot 1809. La Chapellerie 1836.

Moulins à vent : tour Goguin XVIIe, 9 Piliers avant 1538 puis 1701, deux derrière le palais de justice 1770, domaine de la Mothe 1809.

Forge hydraulique derrière Pilavoine : avant 1789

  Un moulin à carton près Pont-Cizeau 1792.

Huileries Jean Tureau : 1790, Denis Dufour “entre les 2 rivières” 1790, St-Trohé 1790.  Le Petit Versailles 1795, Bourdeau 1826, Chalumeau 1855, Croix Joyeuse : 1856 ; Léonard Gourdon rue de la Barre 1874 ; rue Fontmorigny 1877 (création), rue Ste-Vallière 1882 (autre que Croix-Joyeuse), rue du Chemin de Fer 1882, rue Aublanc 1882, rue de la Raie 1882, , rue de la Chaumière 1882, Machecourt au Mouësse 1939, Bauchet av de la Gare : 1939. 

Moulins à ciment rue du Petit-Versailles avant 1804, et Lallemand quai de Loire 1861

Moulin de porcelaine (quai de Loire) 1836. Moulin dans faïencerie Ristori (l’Autruche), à vapeur et avec patouillerie vers 1840 ; moulin à vapeur rue de l’Ancien abattoir 1848. Moulin à vapeur au sein de l’établissement de subsistances de l’armée, après 1880.

Moulin à manège à écorce dans la tannerie Bourgeot 1854.

Moulins à plâtre : Paillard 1841, Renaudin au Parc 1841, Matignon 1858 ; Dubois rue des Carrières puis rue du Champ de Foire 1871. 

Moulin à broyer les os Brisset vers l’usine Gabriel Valette (actuel square Mendès-France) 1882

Moulin à grain électrique rue Ferdinand Gambon : 1940.

A l’entrée de Nevers, la Nièvre reçoit la Pique. Puis la main humaine a séparé la Nièvre à une date inconnue mais antérieure à 1466, cela à la sortie de ce qui héberge aujourd’hui l’Institut de l’Automobile et des Transports (ISAT) : 

– D’une part la rivière naturelle, au fond du thalweg, que bizarrement on appelle aujourd’hui la Nièvre bâtarde.

– D’autre part le grand bief artificiel coulant à sa droite est nommé « la Franche Nièvre ».

Franche Nièvre et Bâtarde

Comme ce qui suit ne concerne que la rivière Nièvre, j’exclus les moulins à eau de la Passière et les moulins à vent qui lui sont proches (le Ninchat sur la tour Goguin et le moulin derrière le palais de justice). J’exclus aussi les moulins qui ont pu exister sur la Loire.

Avant 1789

Les plus anciennes mentions de moulin que j’ai trouvées pour Nevers sont :

Séry, dans son livre « L’abbaye St-Martin de Nevers, écrit que par une charte de 1168, le comte Guillaume de Nevers reconnaît à l’abbaye, au prieuré St-Etienne et au chapitre de la cathédrale le droit de posséder chacun un moulin mû par les eaux de la Nièvre, tandis que lui-même possède déjà probablement un moulin le plus près possible de son château, donc soit au Pont-Cizeau dit aussi de la Ville, soit plus en aval au droit de son château dans le site de ce qui s’appellera bien plus tard le Moulin S-Nicolas… ou deux moulins à chacun de ces endroits.

On peut donc émettre l’hypothèse qu’existent juste avant 1200 mus par la Nièvre :

– A l’entrée de Nevers :

. sur la Bâtarde Nièvre un moulin à l’abbaye St-Martin, donc celui qui lui appartiendra des siècles,  Pilavoine, 

. sur la Franche Nièvre un moulin au prieuré St-Etienne, je suppose le Martelet.

– Plus loin sur la Bâtarde Nièvre le moulin du Chapitre à côté de la tour St-Trohé, le moulin du Pont-Cizeau.

– Plus loin, sur la Nièvre réunifiée, le moulin St-Nicolas.

-1024 : le prévôt Gérard, neveu de feu l’évêque Roclene, tenant en bénéfice l’abbaye de St-Trohé, y dispose de biens dont un moulin à St-Trohé (futur moulin du Chapitre).

– En 1075 : un fief de “Vieux-Moulin ».

Le dossier H190 des Archives Départementales semble indiquer que le moulin de la Ronde existait en 1253. En 1382 on parle plus volontiers des « moulins St-Arigle » que des « moulins du Pont-Cizeau ».

En 1433, des « barrières contre les ennemis sont faites dans la rivière de Nièvre entre les moulins du Chapitre et ceux de l’abbaye St-Martin » Cela implique qu’en cas de siège le moulin Pilavoine aurait été sacrifié. En 1401 et 1402, la ville finance des réparations de murs « contre les moulins du pont de Nièvre » (Comptes de la ville de Nevers, Médiathèque municipale, NM 1284).

En 1442 l’abbaye de St-Martin se construit un moulin proche de celui du Pont-Cizeau, mais sur la Bâtarde Nièvre, à qui elle semble donner dès le début une forme ronde, d’où son nom de moulin de la Ronde. Curieusement, ce n’est pas le comte de Nevers qui fait une difficulté, mais le chapitre de la cathédrale. C’est qu’il possède toujours son moulin près de la tour St-Trohé, où il dispose rien moins que de 4 roues, et donc il hurle à la concurrence déloyale.

En 1467, l’abbé de St-Martin perd un procès contre le chapitre et le comte à propos du moulin proche de l’église St-Arigle (logiquement ce serait un des moulins du Pont-Cizeau).

Notons que les comtes de Nevers ont possédé le moulin à vent du Banlay, apparemment pour cela nommé le « moulin des Comtes ». Comme ils sont devenus ducs en 1538, cela impliquerait que le moulin existait avant cette date. J’en parle ici parce qu’il était lié au moulin à eau de la Pique (voir à Coulanges).

Le plan de 1566 me semble indiquer à Nevers : un ou deux moulins dans l’ensemble Pilavoine-Martelot, un moulin au Pont-Cizeau, un ou deux adossés au pont St-Nicolas.

Extrait du plan de 1566 – Site de Pillavoine et Martelot
Site du Pont-Cizeau
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Les moulins des Nièvres

Les rivières Nièvre Nos moulins

Coulanges – St Eloi – Varennes-Vauzelles

Texte de Philippe Landry

Coulanges-les-Nevers

Liste des moulins de Coulanges avec la plus ancienne date comme activité

Sénechaud 1309. Villecourt 1317. Moulin du Meulot à Villecourt 1402. Pont-St-Ours : forge 1403, moulin de Péreu (futur Péreuse) 1424 ;  Geuril les Nevers 1429, moulin de Brene 1435, Riot des moulins de Gaïon 1450 ; Origny 1450 (futur La Villette) ; Mauginon-Lévesque 1489. La Grippe XVIe siècle. Moulin de la Pique XVIe siècle. Moulin à papier chemin de Montigny 1637,  La Forge Neuve : 1640 (création) ; Ferblanterie créée en 1665 ; moulin de la Pique 1729 ; Forge de l’Ecorce vers 1730. Foulon des Vernes possible, date inconnue.  Usine de La Pique : créée en 1829 ; Moulin à vent :  1844 ; Guérin au Pont-Patin (à émail) : 1848 ; Pont-Patin : usine à fer créée en 1857 ; Givry (DS 1865) ; moulin Sabot 1869. Bordet, meunier et marchand de farine, Pont-St-Ours : 1869. moulin des Saules autre que Villecourt : 1875. Louis Bouteau, meunier et marchand de farine à Coulanges 1878.

Géographie

L’abondance des eaux de la Nièvre mais aussi la grande quantité de blé produite à Coulanges et alentour a conduit à la création de nombreux moulins, comme on peut le voir ci-dessus. Les noms cités dans la « liste » ont été trouvés dans différents ouvrages .

Sur la commune de Coulanges trois cours d’eau ont animé des moulins :

–  La Nièvre : la plupart des établissements hydrauliques de Coulanges (dont Pont-St-Ours, Forgeneuve, La Villette, Péreuse, Givry…)

– La Pique : Villecourt, Meulot (à ne pas confondre avec celui de ce nom à Montigny), les Saules (mais souvent Meulot et les Saules désignent le même moulin), usine de la Pique, usine du Pont-Patin. Au-dessus de la Pique a fonctionné sur Coulanges un moulin à vent sans doute construit pour moudre en cas de sécheresse privant d’eau les moulins hydraulique.

NB : les deux premiers moulins sur la Pique furent La Beue et Veninges, mais ils étaient sur Varennes-Vauzelles (voir à la fin du présent cahier).

– Le « ruisseau de Meulot » (venant du moulin de Meulot situé à Montigny aux Amognes) : il aura animé à Coulanges le moulin de la Grippe et un moulin à papier. 

Plusieurs moulins de Coulanges ont pulvérisé la matière à faire le vernis à faïence : on les appelait alors des moulins « à faïence » ou « à blanc », ou encore « à émail ».

A diverses reprises je cite le livre de Nicole Demet, « Il était une fois Coulanges-lès-Nevers », publié en 2005 par la Camosine. 

Avant 1800

Nicole Demet évoque les moulins de Coulanges sur les trois cours d’eau :

. Sur la Nièvre :

. « Plusieurs moulins à Pont-St-Ours », dont le « moulin de Brayne » qui en fait était établi dans la partie de ce lieu-dit située sur Urzy.

. « Trois moulins à Origny, un à fouler le drap, un à battre l’écorce, un à écraser le blé. » (dans ce cas je ne compte qu’un moulin ayant trois ateliers) ; il existait en 1450 ; c’est le site du futur grand moulin de la Villette.

. Le moulin de Perreu, foulon ayant appartenu au prieuré St-Sauveur de Nevers, dit aussi « L’Horlogeur », cité dans un acte de 1424. C’est le futur moulin de Péreuse.

. Sur la Pique ou ruisseau des Saules, dans l’ordre au fil de la rivière :

. Un étang dit du Vernay a peut-être animé un foulon au lieu-dit Les Vernes ou chemin des Vernes.

« Le moulin de Villecourt, à la fois semble-t-il foulon et moulin à blé ; il existait en 1317 ; il est parfois désigné par le nom de ses exploitants, Bollacre par exemple en 1593. »

. Le moulin de Meulot : il apparaît « dans un acte de 1402 », Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, c’est un moulin modeste, à une seule roue, à augets. En 1809, il écrase 15 quintaux de blé par jour. Par la suite, il est agrandi et modernisé…

. Un moulin de la Pique existant au XVIe siècle, dont je pense qu’il était peut-être sur l’emplacement de ce qui sera plus tard l’usine métallurgique de La Pique.

. Sur le ruisseau venant de Montigny aux Amognes  :

. Un moulin « Senechaud » en 1309.

. Le moulin de la Grippe : « mentionné dans des baux des XVIe et XVIIe siècles. »

Nicole Demet note qu’on ne peut localiser le « moulin de Genril lès Nevers » cité par de Soultrait. 

Aux Archives Départementales, un vieux dossier indique la création d’un  moulin à papier chemin de Montigny, non loin de Pont-St-Ours, par un imprimeur et libraire de Nevers, en 1637.

Notre ami M. Martinat, actuel propriétaire de Forgeneuve, écrit que cette usine et celle de Pont-St-Ours, alors métallurgiques, furent créées respectivement en 1640 et 1644. Elles vont avoir une belle carrière.

Sur la carte Cassini dressée dans les années 1750, on distingue les moulins de Villecourt ou les Saules ainsi que Meulot.

Dans « Une ville affamée, Nevers sous la Révolution », le général Taverna écrit qu’en 1779 la sécheresse pose des problèmes aux moulins à eau, toutefois un peu suppléés par les moulins à vent : « Il y a des moulins à eau partout sur la Nièvre, le ruisseau de la Passière et celui de la Pique, plus des moulins à vent, très peu employés et mal entretenus ». Il me paraît donc probable que le moulin à vent de Coulanges ait existé à cette époque.

De Soultrait situe un moulin de Givry à Coulanges, alors qu’en général on le recense à Nevers ; comme ce fut un très grand moulin avant sa transformation en usine de canons, il est possible qu’un de ses ateliers ait été sur Coulanges. Sur le plan ci-après, du XIXe siècle, trouvé aux Archives départementales (série S), on  pressent qu’il a pu avoir une voire deux roues, même s’il n’a plus rien.

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Les Moulins des Nièvres

Actualités historiques Les rivières Nièvre

Urzy et les communes à l’est de la Nièvre unifiée

Texte de Philippe Landry

Liste des moulins connus de moi, avec la date la plus ancienne d’existence que j’ai trouvée :  Le Vivier vers l’an 1000. 1075 fief de « Vieux Moulin » ; molendinum de Fossa 1130 (Contres) ; La Fosse (Moyen Age) ; Demeurs forge 1325 (moulin à Demur 1339) ; Breugne 1327 ; molendinum Albeys 1339 ; moulin Neuf 1392 ; Le Foulon : XIVe ; Le Greux : forge 1509  ;  Niffond 1509  ; Foulon de Chantemerle avant 1645 ; Luanges : moulin à blé XIVe, papeterie 1636 (création) ; Brayne XVIIe siècle ; Bocard vers 1800 ; Urzy moulin d’Ecorce 1840 ; Moulin de la Forge  1851. Moulin à pulvériser la chaux 1889, 2 en 1899 tenus l’un par M. Tort, l’autre par M. Boule.

Géographie

La plupart des moulins et autres usines hydrauliques d’Urzy ont été alimentés par les eaux de la Nièvre. Cependant il faut les citer en deux groupes :

. D’une part les établissements en amont du château des évêques de Nevers  chacun avait son bief : il s’agit de Contres au Moyen-Age, plus sûrement Demeurs puis Le Greu.

. D’autre part ceux en aval du château des évêques : Le Vivier, la Fosse et le Foulon de la Fosse, Luanges, tous les quatre furent sur le même bief ; celui-ci, qui commence en fait un peu en amont du château, dont il alimenta les douves, est long d’environ 3 kilomètres.

La Nièvre reçoit le Mussy à Contres, à la limite de Parigny les Vaux et Urzy. Une première difficulté : un moulin y exista, mais nul ne sait s’il tira sa force du Mussy ou de la Nièvre ; deuxième difficulté : ce moulin devint un haut-fourneau, mais celui-ci fut un jour transféré à La Fosse. Pour tout arranger, au Moyen-Age le moulin de Contres fut dit aussi de la Fosse : on peut se demander si le même nom « de la Fosse » n’a pas été donné à deux sites géographiques très différents, et très éloignés l’un de l’autre (c’est arrivé dans d’autres endroits).

Toutefois, les moulins que le Mussy a alimentés à Parigny, je les évoque dans notre premier cahier, celui de la Nièvre de Champlemy, car la plupart des ruisseaux de Parigny lui sont affluents.

La Nièvre reçoit sur Urzy un autre cours d’eau, celui qui descend de l’étang de Niffond, lequel est situé sur Varennes-Vauzelles, mais ses deux moulins, Niffond et Chantemerle, furent sur Urzy.

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La Nièvre d’Arzembouy

Actualités historiques Les rivières Nièvre

Textes et photos de Philippe Landry sauf indication contraire

Les moulins es rivières Nièvre

Nièvre d’Arzembouy, Nièvre de St-Franchy et Petite Nièvre, Nièvre de Champlemy, Nièvre de Bourras, etc… toutes ont animé quantité de moulins. Nous en livrons ce que nous avons pu établir de leur histoire dans notre bulletin semestriel, et dans une série de « cahiers », dont voici le premier numéro.

Particularité importante dans l’histoire de ces moulins : en raison de l’abondance de minerai de fer, des forêts fournissant le combustible des hauts fourneaux, et de l’eau pour faire tourner les roues, beaucoup ont un jour été transformés en forges hydrauliques “industrielles”, ou celles-ci sont devenues moulins. La roue faisait tourner un “arbre à cames”, qui :

– Ouvrait les soufflets, 

– Faisait tomber un marteau sur le minerai pour une première épuration (c‘est alors un bocard ou patouillet),

– Faisait tomber le fameux gros marteau dit martinet sur la pièce métallique en fusion pour lui donner forme,

– Faisait tomber un marteau sur le “laitier” (résidu de la forge) ; le moulin s‘appelait alors “moulin à laitier” ou bocard à laitier.  Il fournissait un sable qu’on utilisait dans le moule des pièces métalliques, par exemple les canons (on parlait alors de moulin à sable). Mais ce sable, parfois nommé mâchefer, entrait aussi dans le soubassement des routes ou dans les rives des canaux.

Cependant, nous ne rentrons guère ici dans le détail du travail du fer, attendu que d’excellentes études lui ont été consacrées : 

– les bulletins annuels des Amis du Vieux Guérigny (sans compter l‘exposition qu‘ils présentent chaque été)

– “Les forges de la Chaussade à Guérigny” de Jean André Berthiau, édité par la Camosine.

– “Forges et forgerons en Nivernais et en Berry”, de Raymond Robin

– “La Nièvre royaume des forges”, sous la direction de Francis Dreyer qu’a publié le Conseil général dans la collection “Musées”

– “Le Fer en Nivernais, Age d’or et déclin, 17e-19e siècles”, de Claudius Gabard et Jean-Louis Carnat, ainsi que “La vie quotidienne des ouvriers des forges en Nivernais au XIXe siècle”, par Guy Thuillier, deux ouvrages édités par le Centre de documentation pédagogique de Nevers.

Le travail du fer est très important autour de Prémery : vers 1790 l’ensemble des forges de Prémery, de Lurcy le Bourg et de Sichamps emploie 300 ouvriers  (AD 1 L 243).

Les Nièvre en amont de Prémery

Oulon

La carte Cassini montre un moulin sous l’étang d’Oulon. Les eaux en disparaissent ensuite dans le sol, mais le relief suggère qu’elles doivent rejoindre la Petite Nièvre en aval de Lurcy le Bourg.

En 1665, le seigneur Charles de Chéry loue ce moulin d’Oulon, dit des Chaulmes, à Jean Baulmier, “moulinier”, avec bâtiment, maison, roue, rouages, biez, chaussée, moyennant “neuf vingt vingt livres” à régler par 4 quartiers de 45 (dont en fait 4 fois 45 livres). Toutefois le preneur devant faire son affaire de toutes les réparations (Archives Départementales, Archives de l‘Hôtel-Dieu, B 25). En 1669, tout le village d’Oulon tombe dans l’escarcelle de Charles Roy. Plus tard, par testament, Charles Roy lègue le moulin à l’Hôtel-Dieu de Nevers (ce qui prend effet en 1708). C’est pourquoi le moulin apparaît plus tard dans l’inventaire des biens de l’hôpital général de Nevers. En 1883, il lui rapporte le revenu fiscal net de 1035 f (un grand moulin, donc). Il n’en est pas moins converti en bâtiment rural en 1890 (AD, 3P 203/ 3 et 4)

Giry

Liste des moulins connus de nous, avec la date la plus ancienne d’existence trouvée :  forge de Giry : 1598 ; Gipy 1754 (B84) ; 2 moulins à Giry en 1882.

En 1754 fonctionne le moulin de Giry (AD B86).

1873 : on  vole un sac de blé à un meunier de Giry nommé Legland.

En 1882, Giry compte deux moulins et un bocard à Gipy, mais qui disparaît bientôt. Les deux moulins de Giry appartiennent au prince de Beauveau, celui du plan cadastral 558 rapporte 260 F, et celui du plan 1520, 175.

En 1883, ces deux moulins emploient deux ouvriers, rémunérés de 2 à 3 F par jour (AD, M 6316).

 Cependant le second de ces moulins, après que son revenu est monté à 476,25, est “en ruines” en 1894. Passé à Robert de Mun, le premier lui rapporte 400 F en 1895 ; il est cité comme fonctionnant dans le Dictionnaire Vallière de 1896. Le meunier s’appelle Jean Lorcery, mais le moulin est démoli en 1901, Lorcery devenant menuisier. Par “démoli” il faut entendre que l’outillage est démonté et dispersé : le bâtiment du moulin de Giry demeure une imposante construction avec un aspect “forteresse”, juste sous le fameux château de Giry, en contre-bas de la route. (AD, 3P 127/4). 

Le fait qu’il y ait eu deux moulins sur le site de Giry entraîne une complexité dans la recherche. En effet, le « moulin de Giry » a été tenu par une grande famille de meuniers, les Bernard, dont 4 générations s’y sont succédé. C’est ce que nous apprend la revue généalogiste Blanc Cassis, dans son numéro du 1er trimestre 2019 où elle consacre des notices à plusieurs soldats nivernais morts à la guerre de 1914-18 ; à propos d’Auguste (dit Pierre) Bernard, elle le définit comme « meunier » au moment de sa mobilisation, et donc issu de 4 générations, en particulier son grand-père Jean Bernard, qui « avait exploité le moulin de Giry dès le début du XIXe siècle ». Comme le moulin de Giry semble fermé en 1901, il est probable que Pierre se place comme meunier dans d’autres moulins. Au demeurant, la notice nous apprend que sa mère est déjà veuve ; peut-être la cessation de l’exploitation a-t-elle été consécutive à la mort du père de Pierre ?

En tout cas on a deux noms de meunier dans une brève période à la fin du XIXe siècle (Lorcery et Bernard), chacun ayant tenu un des deux moulins du site de Giry.

Moussy

Liste des moulins connus de nous, avec la date la plus ancienne d’existence trouvée :  un moulin à vent avant 1789 ; huilerie Paul Abord 1878 ; Bertrand huilerie 1939

Des carrières de grès ont été exploitées à Moussy, pour en extraire des meules, ce qui a valu au village de s’appeler au XIXe siècle Moussy les Meules (Flohic). Christophe Girodet écrit dans « Moulins des villes et moulins des champs en Nivernais à la fin du Moyen Age » (paru dans les Annales de Bourgogne, tome 84 fascicule 4, de 2012) : « Les carrières de meules du petit village de Moussy ont fourni des meules pour plusieurs moulins de la châtellenie de Montenoison », notamment en 1381-82 pour un « moulin de Treigny » (le meulier est Perrin Soudin), et en 1394-95 pour un autre de Lurcy le Bourg ; des meules de Moussy sont vendue à l’évêque d’Auxerre pour un de ses moulins de Cosne, et en 1420 à la ville de Nevers pour ses moulins à chevaux (meulier Jean Guillaumot).

Moussy ne semble pas avoir connu de moulin à eau. La matrice cadastrale 3P 184/4 indique une huilerie Paul Abord, démolie en 1878, lieu-dit “Le Château”, au revenu fiscal net de 150 F. Il est improbable que Bertrand, l’huilier repéré en 1939, ait pris sa succession.

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La Nièvre de Champlemy

Actualités Actualités historiques Les rivières Nièvre

Textes et photos : Philippe Landry, sauf indication contraire

Les moulins des rivières Nièvre

Nièvre de Champlemy, Nièvre d’Arzembouy, Nièvre de St-Benin, Nièvre de St-Franchy et Petite Nièvre, Nièvre de Bourras, etc… elles ont animé quantité de moulins. Nous en livrons ce que nous avons pu établir de leur histoire dans cette série de 5 cahiers, aujourd’hui celui consacré à la Nièvre de Champlemy.

(Lorsqu’une commune possède une  rivière non affluente à la Nièvre, les moulins de celle-ci ne sont pas étudiés).

Les moulins des Nièvre ont connu une grande diversité d’activités. Ils ont évidemment surtout travaillé le grain de blé pour fournir en farine panifiable la population. Mais les moulins broyaient aussi les céréales secondaires (orge, avoine) pour nourrir les animaux. 

Très souvent le moulin à grain disposait d’une annexe pour transformer en huile la noixou ou la noisette et plus encore la navette (une fleur jaune de la famille du colza).

On rencontrait aussi des foulons : dans une cuve pleine d’eau, on mélangeait la laine, le chanvre et de « l’argile à foulon ». La roue du moulin, grâce à l’arbre à cames, faisait tomber et retomber dessus un gros marteau, cela pendant trois jours. Il en sortait une « étoffe », les derniers temps assez médiocre, dont on faisait le feutre des chapeaux, l’épais manteau des paysans, et les couvertures des chevaux.

On rencontrera quelques moulins à papier ou à carton, et plus encore de moulins ayant pulvérisé la matière à faire le vernis des faïence, ce pourquoi on les appelait « moulins à faïence » ou « à blanc ».

Importance du travail du fer

Particularité importante de la vallée de la Nièvre : en raison de l’abondance de minerai de fer, des forêts fournissant le combustible des hauts fourneaux, et de l’eau pour faire tourner les roues, la vallée a connu un grand nombre de forges hydrauliques “industrielles”. La roue faisait tourner un “arbre à cames”, qui :

– Ouvrait les soufflets, 

– Faisait tomber un marteau sur le minerai pour une première épuration (c‘est alors un bocard ou patouillet),

– Faisait tomber le fameux gros marteau dit martinet sur la pièce métallique en fusion pour lui donner forme,

– Faisait tomber un marteau sur le “laitier” (résidu de la forge) ; le moulin s‘appelait alors “moulin à laitier” ou bocard à laitier.  Il fournissait un sable qu’on utilisait dans le moule des pièces métalliques, par exemple les canons (on parlait alors de moulin à sable). Mais ce sable, parfois nommé mâchefer, entrait aussi dans le soubassement des routes ou dans les digues des canaux.

Cependant, nous ne rentrons guère ici dans le détail du travail du fer, attendu que d’excellentes études lui ont été consacréesn notamment par Les Amis du Vieux Guérigny.

Notons toutefois que souvent un moulin est devenu une forge hydraulique et réciproquement ; ce sera indiqué aussi souvent que possible. En outre, les anciens parlaient volontiers de « moulins à fer ».

Les moulins à vent

La vallée de la Nièvre a connu quelques moulins à vent. Nous les citerons ici parce qu’en général ils étaient construits pour remédier au chômage auquel contraignaient les moulins à eau les périodes de sécheresse

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