Ce que vous devez savoir avant d’acheter un moulin

Juridique

Définitions :

Un moulin est une usine implantée au bord d’un cours d’eau, et autorisée à utiliser l’énergie hydraulique de ce cours d’eau (par exemple comme force motrice pour animer des équipages ou pour la transformer en énergie électrique).

Le droit d’utiliser l’eau relève de l’art.644 du Code Civil, la seule réserve étant l’obligation de restituer l’eau à son cours ordinaire, après usage. Droit réel immobilier, il s’agit bien ‘un droit d’usage et non d’un droit de propriété.

Les canaux amenant l’eau au moulin depuis la prise d’eau et ceux destinés à la renvoyer au cours naturel de la rivière, lorsqu’ils ont été creusés de la main de l’homme pour usage exclusif du moulin, sont présumés en constituer l’accessoire, en application de l’art. 546 du Code Civil. Ils sont soumis à l’impôt foncier, qu’ils aient ou non un numéro de parcelle cadastrale. N’ayant pas la qualification de cours d’eau, les dispositions spécifiques au droit de riveraineté ne leur sont pas applicables. Les éléments constitutifs du dispositif hydraulique tels que barrage, vannages, déversoir sont également réputés appartenir au moulin.

Le règlement d’eau est un acte administratif valant autorisation d’utiliser l’eau et fixant les conditions de fonctionnement du moulin.

La fondation en titre, droit imprescriptible, résulte d’une occupation du cours d’eau -non domanial- avant 1790 (preuve pouvant être apportée par tout moyen : documents même privés ou justifications de certaines situations de fait très anciennes).

Mentions à faire figurer sur l’acte de vente d’un moulin

Désignation du moulin :

Il est essentiel de noter que la mention « ancien moulin » est excessivement restrictive, elle ne peut se comprendre que lorsque le moulin a perdu l’ensemble de ses caractéristiques de moulin et que le propriétaire a renoncé expressivement à ses droits. Elle devient en ce cas une simple clause de style n’affectant pas la nature de l’immeuble, et le nouveau propriétaire ne pourra s’en prévaloir pour faire reconnaître l’existence juridique du « moulin » .

Lors de la vente d’un moulin, il convient de préciser lorsque cela est attesté « bâti de temps immémorial » (cette mention se retrouve couramment dans les actes et documents anciens), d’indiquer qu’il tournait encore en …… ,

lorsque sa cessation d’activité est récente, et éventuellement « apte à produire de l’énergie hydraulique » lorsque le système hydraulique (prise d’eau, biefs, roue ou turbine, vannages …) existe, même si son état justifie des travaux de rénovation. Lorsque c’est le cas ne pas omettre de mentionner « muni ou muni partiellement de son équipage, en le détaillant : meules, engrenages, etc… ».

Règlement d’eau :

Celui qui entend vendre un « moulin » doit justifier de son droit d’eau afin que la qualité de moulin ne risque pas d’être contestée par la suite. Le droit d’usage de l’eau pour un moulin est matérialisé dans son « règlement d’eau ». S’agissant d’un document essentiel, le règlement d’eau (ou à défaut la justification et la consistance de l’existence légale) doit être annexé à l’acte de vente, le droit qui en résulte, attaché aux ouvrages, étant cessible par définition.

Certains moulins antérieurs à la Révolution peuvent ne jamais avoir été réglementés, il suffit en ce cas de justifier de l’existence dudit moulin (localisation sur la carte de Cassini, autorisations, baux, factures, actes de vente antérieurs à la Révolution, successions, ou vente de biens nationaux) avant l’abolition de la féodalité pour un moulin établi sur un cours d’eau non domanial, ou avant 1566 (Edit de Moulins) pour un moulin établi sur un cours d’eau domanial, et de définir sa « consistance légale », c’est-à-dire la puissance hydraulique nécessaire à son fonctionnement – cette consistance pouvant être présumée conforme à la consistance actuelle sauf preuve contraire à apporter par Administration : ces moulins sont dits « fondés en titre ».

Propriété des canaux :

L’acte de vente doit en outre impérativement mentionner que le moulin est vendu avec l’ensemble des ouvrages qui en constituent l’accessoire (prise d’eau, biefs, canaux, vannages, déversoirs). Cette mention est d’autant plus importante lorsque la prise d’eau a été établie sur un fonds supérieur n’appartenant pas au cédant ou vendu dans un lot distinct.

En cas de démembrement de la propriété d’un moulin, les canaux  d’amenée ou de fuite ne peuvent être vendus en tant que « terrains » : en effet à défaut de preuve contraire (démembrement de propriété antérieur dûment enregistré, actes à l’appui ) ils sont présumés appartenir au moulin, même si leur sol n’est pas cadastré. Par ailleurs, il est conseillé d’inscrire que le propriétaire jouit d’un droit de passage le long du bief pour assurer ses obligions d’entretien, et du droit de dépôt des produits de curage sur les francs-bords (la parcelle traversée par le bief sera ainsi grevée d’une servitude d’accès qui devra figurer explicitement sur l’acte de vente afin de préserver les droits du moulin) .

Afin de prévenir l’apparition de litiges ultérieurs, il est possible de demander au service du cadastre d’attribuer un n° de parcelle spécifique au bief et autres canaux du moulin, et de faire rattacher ladite parcelle à la propriété du moulin. A défaut la mention suivante peut être portée dans l’acte « le propriétaire du moulin acquittera la taxe foncière sur le bief, dans toute l’étendue du remous ». L’intervention d’un géomètre peut être souhaitable afin de définir très précisément les limites de propriété du moulin et de ses abords.

Il importe d’être très vigilant au moment de la rédaction de l’acte d’acquisition d’un moulin : il faut bien vérifier les limites de sa propriété, et s’assurer que ce que l’on signe d’une part est bien conforme à la réalité sur le terrain, d’autre part permettra de faire valoir ses droits à l’utilisation de l’énergie hydraulique constituant la définition même du moulin.

Dernier conseil aux futurs acquéreurs d’un moulin :

Un moulin n’est pas une simple bâtisse au bord de l’eau, et acheter un moulin n’est pas un acte banal : vous en tirerez beaucoup de satisfaction, mais vous pourrez avoir besoin de conseils qualifiés pour une restauration, vous aurez aussi parfois besoin de vous battre pour faire reconnaître vos droits.

Assemblée Générale du 23 mars 2019

Assemblée générale

Ouverture de l’Assemblée Générale

Le Président, le Docteur Francis Lefebvre-Vary, remercie et présente les invités :

  • M. Parice JOLY, Sénateur de la Nièvre
  • M. Pierre BILLARD, Maire de St Pierre le Moûtier
  • M. Christian Barle, Maire de Livry et Président de la Communauté de Communes « Nivernais-Bourbonnais »
  • M. Jacques LEGRAIN, Vice-Président de la Communauté de Communes « Loire, Nièvre et Bertranges »
  • M. Jacques MANSUY, Directeur de la Camosine « Caisse des Monuments et Sites de la Nièvre »

Il remercie toute l’assemblée d’assister à cette assemblée générale.

Le nombre des personnes présentes est de 78 :

  • 42 adhérents (39 anciens adhérents + 3 nouveaux adhérents)
  • 20 personnes accompagnant les adhérents
  • 16 invités ou autres

39 adhérents (année 2018) + 11 pouvoirs reçus soit 50 votants

22 adhérents excusés ainsi que 4 invités également excusés :

Mme Nadia Sollogoub, M. Jean-Louis Balleret, M. Franco Orsii et M. Joseph Copin.


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Nouvelles Meunières N°18

Nouvelles meunières


Inauguration

Nos amis Fabienne et Vincent Goueffon sont heureux de vous inviter à l’inauguration de leurs gîtes du moulin de Poil le samedi 29 juin 2019 à 10 h 30. Nous avons évoqué leurs travaux dans un récent bulletin. Les personnes intéressées peuvent aller sur leur site « lesgitesdumoulindepoil.fr » et les contacter s’ils souhaitent y participer.

Actualité des énergies renouvelables

Plaidoirie pour les énergies renouvelables

Le Journal du Centre du 11 mai 2019 raconte l’excellent exposé que vient de faire à Corbigny M. Thomas Guéret, « ingénieur et prospectiviste »  sur le sujet : « Quelles solutions pour la transition énergétique ? ». Si j’en crois l’article, cet ingénieur, à propos des énergies renouvelables, a surtout « plaidé pour l’énergie solaire », mais n’a rien dit de l’hydraulique. Les auditeurs ont dit leur inquiétude à propos des éoliennes géantes.

Au niveau national, la duplicité de l’État s’observe encore avec l’échec des projets de parcs éoliens maritimes. Le Canard Enchaîné du 8 mai 2019 titre : « Eoliennes en mer : quinze ans à brasser de l’air pour un projet de 15 milliards ». Des projets qui n’avancent guère, l’État multipliant les obstacles. La France a des possibilités dans ce domaine, mais demeure très en retard de l’Allemagne, pour ne citer qu’elle.
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Eolien

Une association particulièrement hostile aux éoliennes géantes.

Le Journal du Centre du 4 mai annonce :

« La nouvelle association a tenu une réunion à Guérigny »

« Les éoliennes, un scandale ».

L’association se nomme « Défense du plateau nivernais boisé, Bertranges et vallées de la Nièvre ». Salle comble, marquée par l’absence des élus, Jean-Pierre Château, maire de Guérigny, s’étant borné à ouvrir la séance et à indiquer qu’il n’avait aucune information officielle concernant l’éventuel projet de construire des éoliennes géantes dans la forêt des Bertranges.

Parmi les griefs énoncés contre les éoliennes, notons le coût pour la collectivité puisqu’il faut tracer de nouvelles routes où les camions apportant le matériel puissent passer, et la diatribe d’un adversaire des éoliennes de Clamecy qui qualifie cet ensemble de « fiasco financier, un modèle à ne pas reproduire ». 

Journaux

Le Journal du Centre

28 avril : Dans le cadre de la grande série d’articles « Enseignes d’antan », étude sur « Une tuilerie industrielle en 1886 » . Elle se trouvait à Plagny, commune de Sermoise, tout près du port sur le canal, dont elle bénéficiait pour exporter sa production. J’évoque ici cette tuilerie parce que sa machine à vapeur faisait marcher ses machines, dont des meules ; elles servaient à assouplir la terre et à la purger de ses bulles d’air avant de l’envoyer en cuisson (l’article n’en parle pas).

Dans le supplément Fémina, notons toute une page : « Je suis perdu au rayon farine de blé ». L’article passe en revue les farine désormais immatriculée T150, T110, T80, T65 et T55-T45 : on part de la farine la plus « complète », donc la moins épurée de son et la moins blutée, pour aller progressivement jusqu’à celle la plus débarrassée du son. Cet article s’inscrit donc complètement dans l’histoire de la farine à partir du moment où on a inventé le blutoir, qui a permis d’aller vers une farine toujours plus « pure », même si une partie des consommateurs a toujours plus ou moins contesté la qualité nutritive du produit ainsi obtenu. 

29 avril : Réouverture du moulin Blot de Bouhy

Nos amis de Bouhy font savoir que le moulin sera ouvert du 4 mai au 30 septembre uniquement les samedis après-midis de 14 h 30 à 18 h , plus lors des journées du patrimoine les 22 et 23 juin .
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29 avril : à la limite entre La Machine et Champvert, on peut observer les ruines d’une ferme. Elle a été détruite par les occupants allemands en 1944, après qu’ils y ont arrêté et fusillé deux résistants. Une stèle rappelle cette fin tragique. Une cérémonie a lieu tous les ans le 30 avril en leur mémoire. J’en parle ici parce que, si la ferme n’avait plus rien de meunier, elle occupait le site d’un moulin du XIXe siècle sur lequel je commence des recherches.

 5 mai : dans le Magazine 2 articles :

. A propos du centième anniversaire de l’obtention du Goncourt par Proust pour « A l’ombre des jeunes filles en fleurs », en 1919, double page sur la maison d’Illiers, dans l’Eure et Loir, où il passa une partie de son enfance (évoquée dans A la Recherche du Temps Perdu ) : le livre de chevet montré est « François le Champi », de Georges Sand. J’en parle ici parce que c’est l’histoire d’un garçon abandonné, recueilli par un meunier, lequel le forme à son métier. En passant, ça me rappelle qu’à la fin de sa vie Proust eut comme servante Céleste Albaret, une jeune fille qu’il nomma sa « gouvernante ». Elle prit sa retraite longtemps après la mort de l’écrivain et se retira à La Canourgue, en Lozère, cela… dans un moulin.

. Une libraire recommande un livre de l’auteur chinois Dal Sijie, connu pour « Balzac et la petite tailleuse chinoise ». Dans son nouvel ouvrage : « L’Evangile selon Yong Sheng » (Gallimard), il évoque son grand-père, considéré comme un « ennemi du peuple » lors de la « révolution culturelle» que déclencha Mao Ze Dong ; comme châtiment il fut condamné à des années de travail forcé… dans une huilerie ! Je tâcherai de me procurer ce livre et de le commenter.

6 mai : grand article inattendu mais extraordinaire sur un meunier. C’est dans le cadre d’une série de trois articles où des anciens racontent leur enfance au temps de l’occupation allemande. Cette fois, c’est Régine, la fille d’Henri Perraudin qui s’exprime, lequel Henri Perraudin était le meunier du moulin du Seu, à St-Honoré les Bains. Elle raconte que comme il fut fait prisonnier, son épouse et mère de Régine, avec ses moyens physiques tout de même limités, se mit à travailler au moulin comme l’aurait fait un homme. Y compris il lui arriva de travailler clandestinement la nuit pour moudre du grain au-delà du contingent dont disposait le moulin. Quand Henri Perraudin,  en 1945, fut libéré (par les Américains qui le ramenèrent en France), il eut bien du mal à se remettre au travail: il montra d’ailleurs un caractère difficile, que sa femme ne lui avait pas connu avant la guerre. Elle continua donc quelques temps de mener le moulin. Et puis heureusement Henri parvint à se ressaisir et à se remettre à l’ouvrage auprès de ses meules.

NB : On m’a dit qu’il faisait ses livraisons avec une carriole à cheval, que ma foi il était bien reçu partout… et qu’il en résultait souvent que, le soir venu, il était bien utile que son cheval connût par cœur le chemin pour rentrer à la maison…

Revues

Moulins de France – Avril 2019

Surprenant petit article : « Côte-d’Or, Moulin de Vanneau à Saints-en-Puisaye ». L’auteur n’est pas parfait en géographie. En tout cas on y apprend que le moulin de la ferme éducative de Saints-en-Puisaye, dans l’Yonne, non loin de la limite avec la Nièvre, a besoin de travaux assez importants : plus de 80 000 euro. Les subventions promises laissent à trouver 60 000 euro, pour lesquels l’association créée lance un appel aux dons.

Spectacles et art de vivre – Mai 2019

La revue annonçant les spectacles de notre région Bourgogne avec quelques escapades en Franche-Comté et… Alsace (très intéressantes d’ailleurs ) cite la commémoration des 900 ans de la basilique St-Andoche de Saulieu, le 4 mai, avec un concert sur le très bel orgue tout neuf. La basilique fut au centre d’une collégiale, dont le chapitre posséda le moulin de Chamboux au moins de 1518 à 1791 (le moulin existait en 1392). Nous avons publié la légende attachée à ce moulin dans notre recueil de contes et légendes dont un moulin est le centre. En l’occurrence, l’histoire évoque une statuette posée au moulin, jetée par des vandales dans la rivière alimentant le moulin, mais qui l’aurait remontée pôur regagner le moulin, conférant ainsi à celui-ci un caractère sacré, au grand avantage du meunier. Le hasard de l’histoire des découpages administratifs a fait que lorsque les départements ont été créés, le lieu-dit Chamboux a été affecté à Alligny en Morvan dans la Nièvre, alors qu’il aurait pu l’être à St-Léger de Fourches en Côte-d’Or (aujourd’hui Champeau) : Serge Calandre a en effet constaté que l’état civil du village était tenu « alternativement » une année par le curé d’Alligny, la suivante par celui de St-Léger, etc. Ce moulin de Chamboux, fort modeste, sera démoli en 1901. Ses restes éventuels sont noyés sous le lac de Chamboux créé il y a quelques années.

Livres

A propos de la catastrophe de Notre-Dame de Paris, on cite abondamment Victor Hugo pour le grand roman qu’il lui a consacré. A un moment, le « héros » franchit le pont sur la Seine proche de la cathédrale, qui était dit « Pont des moulins », parce qu’il portait des moulins dont les roues étaient suspendues entre ses piliers ; Hugo précise qu’il est éclaboussé par de l’eau que projettent les roues.

Pont aux Meuniers – Paris

Conan Doyle : Les exploits du professeur Challenger et autres aventures étranges : Collection Bouquins chez Robert Laffont

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Conan Doyle n’est pas que le père de Sherlock  Holmes. A la fin de sa carrière littéraire, il a préféré le fantastique, et ce abondamment comme le montre cette copieuse intégrale. Je la lis peu à peu (presque 1200 pages). Dans « Quand la terre hurla », Conan Doyle imagine qu’on creuse un puits de 13 200 km pour gagner le centre de la terre, cela grâce à ceci entre autres : « Dans la station génératrice, plusieurs turbines d’une grande puissance tournant à 140 révolutions par minute gouvernaient les accumulateurs hydrauliques qui développaient une pression de 700 kg par pouce carré… »

Télévision

Le  14 avril 2019, la 5 a diffusé un documentaire sur la moutarde. Il a surtout insisté sur le peu de graines de moutarde (le sénevé) cultivé désormais en Bourgogne, l’essentiel venant du Canada.

Quant à la fabrication, Amora n’a plus d’usine en Bourgogne. Restent Maille à Chevigny-St-Sauveur et Fallot à Beaune. On a vu quelques images des meules de la maison Fallot, dont le représentant a spécifié que la maison préférait travailler sur des meules comme autrefois plutôt qu’avec des engins modernes, même si le rendement en quantité est inférieur. Curieusement, il a dit que les meules échauffaient moins la moutarde que les engins modernes.. 

Dans notre bulletin nous avions proposé il y a quelques années un reportage sur le moulin à moutarde de la maison Fallot.

16 avril, Arte : à propos de l’exploit d’avoir construit la cathédrale Notre-Dame de Paris en peu d’années (60 seulement), un documentaire précise que les constructeurs ont utilisé la force hydraulique pour fabriquer le fer, car elle venait d’être mise au point par les cisterciens au milieu du XIIe siècle. Il est précisé que l’invention du haut fourneau est plutôt des environs de 1300.


Cinéma

« Menochio », d’Alberto Fasulo. Nos Nouvelles meunières évoquaient voici peu le livre « Le fromage et les vers », de Ginzburger, racontant la vie d’un meunier italien du XVIe siècle, fort libre de ses opinions, et pour cela condamné au bûcher par l’Inquisition. Ce film est tiré de ce livre. Si Télérama (semaine du 20 au 26 avril) lui accorde quelque qualité, Le Monde et Libération du 17 avril l’assassinent tout net. A voir si possible.


Livre

Véra nous a trouvé en brocante un exemplaire du livre de Georges Coulonges « La terre et le moulin ». Georges Coulonges a eu sa petite célébrité dans les années 1970 et 80. Ce roman est paru chez Grasset en 1984, et immédiatement repris par France-Loisirs, ce qui implique que la première édition avait dû bien marcher. Le style d’écriture de Georges Coulonges est plus celui d’un journaliste que d’un vrai romancier, mais La terre et le moulin, qui se passe en Quercy, est un assez bon roman « de terroir ». Malheureusement pour nous il y est… peu question du moulin.


Radio

Le 29 avril  de bon matin sur France-Musique : « Les moulins de mon coeur » (issu du film « L’affaire Thomas Crown »), par son auteur Michel Legrand au piano et au chant Nathalie Dessay.

Nouvelles Meunières n° 17

Nouvelles meunières

AS

En prévision de notre bulletin n° 87, à paraître début juin 2019

Nous y évoquerons St-Malo en Donzyois, commune où se trouvait l’abbaye de Bourras, dont les premiers moines arrivèrent sur le site en 1119, soit il y a 900 ans. En passant on trouvera juste quelques mots sur le moulin à vent qui était situé assez loin à l’est de l’abbaye, et qui ne semble pas avoir été créé par elle (je n’en trouve mention que dans les années 1840). Au cours d’une randonnée organisée par l’Arni (Association des Randonneurs Nivernais) le 31 mars 2019, j’ai pu observer le site. C’est une colline, dont le sommet est à 348 mètres. Apparemment cela n’a pas été suffisant puisqu’on remarque qu’une motte y a été ajoutée, sur laquelle fut juché le moulin à vent. Elle n’est pas intacte car on y a au XXe siècle aménagé le local d’un château d’eau.

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Site du moulin à vent à St Malo

Lutte contre la continuité écologique

Selon le numéro d’avril 2019 du Monde des Moulins, les discussions très tendues continuent au sein du « Comité national de l’Eau », dont sont membres les fédérations d’amis des moulins, chargé d’apaiser les relations entre les différents riverains et utilisateurs des rivières. Peu de progrès sont constatés. Plusieurs propositions vont être soumises à l’arbitrage du ministre lui-même.

Actualité des énergies renouvelables

Eolien

Journal du Centre 

  • 29 mars 2019 : « Donzy : Le projet éolien interroge ». Une association, la Canopée libre, se crée à ce sujet, dans un style résolument offensif : citant deux agriculteurs qui estiment leur activité « impactée », le président s’exclame : « L’éolien est pour nous une galère, le combat est engagé, on a été manipulé, mais on ne lâchera pas, on se bat pour notre santé ».
  • 2 avril 2019 à propos de Bouhy, dans l’article « Une étude sur le centre-bourg », on apprend que les éoliennes rapportent à la commune 7933 euro, plus 4 400 pour l’autorisation de passage sur les chemins.
  • 8 avril 2019 : Le peintre Antoine Paneda, dont plusieurs fois nous avons publié des dessins et aquarelles dans notre bulletin, présente jusqu’au 17 avril une exposition à la mairie d’Imphy dont il est natif, et qu’il lui offre un de ses plus beaux tableaux : l’arrivée de Marie de la Grange d’Arquian à Imphy le 11 septembre 1714. Ce tableau, dont une belle reproduction a pu être admirée dans le numéro des Annales du Nivernais (Camosine) consacré à Imphy, propose une image superbe de la grande roue hydraulique qui faisait alors fonctionner la forge industrielle d’Imphy, que voici en détail.
  • Dans le même numéro, article sur le sarrasin, céréale reine de la crêpe bretonne. Il évoque un restaurateur qui propose en son établissement de Paris maintes recettes de sarrasin « moulu sur place ». L’article rappelle que dans bien des contrées de France la population se contenta de seigle et de sarrasin à défaut de pouvoir manger du pain issu du froment.
  • 9 avril : article « La renaissance de la pierre sèche », donc de la construction de murs sans liant. Cela me rappelle ma visite au moulin de la Romanée, à St-Germain de Modéon en Morvan de Côte-d’Or. Le propriétaire m’avait montré, quelques mètres en amont, les ruines du moulin primitif, un ensemble d’anciens murs « en pierre sèche », donc non cimenté. Architecte de profession, il m’avait expliqué que cette façon de construire avait cessé au plus tard au XVe siècle. Il n’était pas illogique de penser que dans des contrées reculées comme devait être alors le Morvan, les moulins devaient être « en pierre sèche ». En tout cas cela faisait remonter l’histoire du moulin de la Romanée au XVe siècle.

Revues 

Bulletin des Amis du Vieux Varzy n° 30, avril 2019

Suite à notre assemblée générale 2018 que nous avons tenue à Varzy, l’association des Amis du Vieux Varzy nous a demandé un article sur les moulins de la Ville. Ce bulletin le contient. Il tient la place des pages 46 à 57. Il comprend l’inventaire de deux moulins de Varzy en 1863 (un moulin à eau, un à vent) que nous a trouvé un de nos adhérents. La plupart des illustrations sont fournies par les Amis du Vieux Varzy.

Un court article montre les dirigeants de l’association disposant une nouvelle enseigne devant la fameuse huilerie Mariaux que nous avons visitée lors de l’assemblée générale.

Bulletin de l’Académie du Morvan n°85, 2018, que nous venons de recevoir début 2019

Ce bulletin comprend deux parties :

1) « A la découverte de la langue gauloise dans le Morvan », rédigée par Jean-Paul Savignac. On y apprend que le nom gaulois de la meule était « brauon », et que dans la légende de Ste-Brigitte, lorsqu’elle est chassée par son père, le moulin du village cesse de marcher ; il ne ressuscite que lorsqu’elle est admise à revenir.

2) « Le hêtre européen habitant du Morvan », par Marie-Aimée Latournerie. Le fruit du hêtre, le « faîne », gagnerait à être mieux connu : « on en fait de l’huile qui sert à brûler et qui s’emploie aussi en friture et en pâtisserie ». L’auteur cite un écrivain du XVIIIe siècle : L’huile de faînes bien faite est, après l’huile d’olive, la meilleure que l’on connaisse en Europe ». Mme Latournerie a raison d’appeler notre attention là-dessus : on ignore pourquoi le faîne a finalement si peu été utilisé. Pour ma part, je n’ai trouvé les moulins écrasant le faîne qu’en période de crise historique, lorsque la navette et la noix manquaient pour faire de l’huile. Plus loin Mme Latournerie rappelle qu’après 1830 on a utilisé la pâte de bois pour fabriquer le papier, même si explicitement elle ne rappelle pas qu’il était affiné et découpé dans des moulins.

Le Monde des Moulins n° 68, avril 2019

Plusieurs articles à signaler en particulier

. A propos d’un moulin à vent en cours de restauration, sur le Causse Méjean en Lozère, à plus de 1000 mètres d’altitude, l’auteur expose qu’à cette altitude on ne pouvait entoiler les ailes des moulins à vent, car le souffle du vent pouvait y devenir trop violent. Les ailes portaient donc des planches de bois sur la moitié de leur surface. L’article est illustré entre autres par les reproductions de deux enluminures de 1344. Les moulins sont sur pivot. Il y a aussi les plans du moulin en cours de restauration, des photos, etc.

. Dans l’Ariège, le meunier Pons Aï s’est converti à la foi cathare et prit en charge un moulin à Monségur. On pense qu’il périt dans les flammes lors de la prise de Monségur par les « croisés » envoyés par le roi et le pape ravager le pays en 1243. 

. Un grand article sur la particularité des régulateurs à boules dans les moulins à vent.

. « Le moulin à eau de Marie Ravenel » dans le Cotentin (département de la Manche, Normandie). Un moulin en cours de restauration, avec ses paires de meules. La fille du meunier Ravanel, Marie, se mit à écrire des poèmes, et ils furent de qualité puisqu’elle parvint à en publier trois recueils de 1852 à 1890.

. « Police des moulins sous l’ancien régime. Les astuces des « meuniers fripons ». L’article est de moi. J’y suis présenté comme issu du « Collège des membres individuels ».

Lu à la Médiathèque de Nevers

On ne fouille jamais assez les bibliothèques. Par exemple je viens de trouver une nouvelle réponse à cette question : est-ce que vraiment une crue peut être assez formidable pour détruire un moulin et emporter les meules ?

Voici la réponse dans le livre « Histoire de Semur en Auxois », publié par Alfred de Vaulabelle en 1905. Semur est une très jolie petite ville de Côte-d’Or juchée au-dessus d’un profond ravin où coule l’Armançon. Outre qu’il fait remonter la date la plus ancienne d’existence connue de moulins à Semur à l’année 879 (date du don par le duc de Bourgogne Bozon de ces moulins à l’évêque d’Autun), il décrit qu’en 1615 : « Le déluge d’eau fut si grand  qu’il emporta la moitié du faubourg de Vaux… et plusieurs moulins sur la rivière, dont les meules furent emportées ». Il ajoute : « Une nouvelle inondation eut lieu le 6 novembre 1710, qui détruisit les ponts et les moulins ».

Livre : 

« Le Meunier, les moines et le bandit » de Fanny Colonna, éditions Actes Sud, collection Sindbad, 2018.

L’auteur part à la recherche de tout ce qui concerne la vie d’un assez curieux personnage, français d’origine italienne, qui s’installa comme meunier dans un village perdu du massif montagneux des Aurès, au sud de Constantine dans l’est algérien. Ce meunier eut l’occasion de connaître un « bandit » local ainsi que des missionnaires catholiques qui tinrent une petite ferme tout près de son moulin, d’où le titre de l’ouvrage. Revenu en bonne santé de la guerre de 1914-18, il traversa sans trop de mal la guerre d’Algérie, réussissant à toujours tenir la distance égale entre les fellaghas locaux et l’armée française. Il resta dans son village des Aurès après l’indépendance, et mourut centenaire. Il écrivit quelques poèmes. Son premier petit moulin était dérisoire et peu productif, aussi en a-t-il créé deux autres… au rendement semble-t-il aussi relatif. A un moment l’auteur propose un plan de son moulin, tout à fait sommaire. Beaucoup plus loin Fanny Colonna rapporte qu’il aurait fait venir de France des meules, « en granit » selon ce que lui affirme un témoin qui a connu le dit meunier, mais ce qui me paraît improbable. L’auteur ne connaît pas grand-chose aux moulins : c’est ainsi qu’elle écrit que le premier moulin de son personnage était « à turbine » : non, c’était à roue horizontale à dents en forme de cuiller. D’un style parfois ingrat, voire confus, pour quelqu’un qui fait une enquête historique elle manque parfois de rigueur ; ainsi écrit-elle deux fois que la guerre d’Algérie a duré 7 ans ; or elle a eu lieu du 1er novembre 1954 au 19 mars 1962 si on l’arrête à la date des accords de paix d’Evian, ou au 3 juillet 1962 jour de l’indépendance officielle de l’Algérie ; il me semble donc plus judicieux d’écrire qu’elle a duré presque 8 ans.

Télévision

Le 1er avril 2019, suite au récent décès de la cinéaste et reporter photographe Agnès Varda (à 90 ans), Arte a diffusé ses mémoires qu’elle a « écrites » sous forme d’un film pour ses 80 ans. Elle possédait sur l’île de Noirmoûtier un moulin vent que l’on voit avec le squelette de ses ailes.

Erratum

Dans les Nouvelles meunières 16, à propos de la visite de Jean-Pierre Azéma, j’ai mal écrit le nom de l’ingénieur hydraulicien allemand qui a perfectionné la roue Sagebien : il s’agit très exactement de Zuppinger.