Les nouvelles meunières – Février 2018

Nouvelles meunières

Trouvailles des adhérents

Serge Calandre( 1)  a repéré la mention d’un moulin sur le terrier (2) de la seigneurie de Conforgien: pour mémoire Conforgien est un village de St Martin-de-la-Mer en Côte d’Or  limitrophe d’Alligny-en-Morvan dans la Nièvre; la limite des deux départements passait sur la roue du moulin de Conforgien lequel moulin était en Côte d’Or mais la maison de son meunier était dans la Nièvre.

Le terrier révèle qu’en 1557 la seigneurie de Conforgien comptait un moulin à Vrilly-Haut sur le finage de l’actuelle commune de Saulieu. Or, s’il y a bien eu un moulin à vent,  il s’agit du moulin de la Baigne bien éloigné du château. Une étude des moulins de la Baigne est en cours.

  1. : En réalité mentionné par Pierre Collenot à la page http://pierre.collenot.pagesperso-orange.fr/terrier_fr/htm/menus/menu1.htm – (Rendons à César ce qui à César)
  2. Régime foncier d’une seigneurie de l’ancien régime, de la fin du Moyen Âge à la Révolution 

Journaux

Le Journal du Centre publie :

Sur l’éolien, qui suscite décidément bien des passions

  • Le 22 novembre : Un projet d’implantation d’éoliennes à Entrains-sur-Nohain en 2020. Hauteur entre 175 et 180 m. Il faudra défricher autour de chaque éolienne, plus aménager de larges chemins pour accéder  à chacun des 7 emplacements. Les auteurs du projet estiment : « Le paysage ne sera absolument pas dénaturé »; cela ne va pas être l’avis de tout le monde, belles controverses à prévoir.
  • 24 et 29 novembre : L’association « Morvent en colère » organise les « Premières assises de l’éolien en Morvan « avec ce slogan dont le Journal du Centre fait son gros titre : « L’éolien est payé par vous et par moi ». Deux sénatrices viennent apporter leur soutien à la lutte contre l’éolien : Mme Sollogoub, ancienne maire de Neuvy-sur-Loire et Mme Loisier, ancienne maire de Saulieu. Le principal adversaire de l’éolien, celui qui apporte le plus d’arguments techniques, reconnaît que la France ne produit pas assez d’énergie mais soutient qu’elle doit d’abord commencer par en consommer moins. Les adversaires de l’éolien présentent souvent des arguments légitimes, valablement étayés. Par contre,  certains sont étonnants : dont le fait que l’éolien est « subventionné » . D’abord, l’éolien n’est pas subventionné  à la production, ni à la construction : c’est le prix du kw/h produit qui est payé plus cher que le prix du marché, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Ensuite l’éolien bénéficie de ce prix aidé car l’ensemble des énergies renouvelablesen bénéficie. Enfin, il faut rappeler pourquoi la France aide les énergies renouvelables :
  •  d’une part dans un but écologique : nous consommons beaucoup de produits  d’origine pétrolière et de gaz don les résidus de la combustion se répandent dans l’atmosphère avec un effet nocif. De même, nous tirons une bonne part de notre électricité du nucléaire; mais le stockage des déchets nucléaires est de plus en plus problématique; on ne peut continuer à développer le nucléaire, et, même on doit diminuer notre capacité nucléaire. Soulignons d’ailleurs que le vœu de développer les énergies renouvelables est l’une des rares décisions du fameux « Grenelle de l’Environnement » qui demeurent en application.
  • D’autre part, le commerce extérieur de la France est très déséquilibré (quand nous importons pour 5 €, nous n’exportons que pour 4 €) et cela nous le payons tous d’une manière ou d’une autre; comme nous importons tout le pétrole et le gaz que nous consommons, développer les énergies renouvelables devrait nous permettre de réduire le déficit.
  • 30 novembre : « Feu vert préfectoraux Vents de Loire » : presque une page consacrée à l’autorisation donnée par le Préfet au projet d’éoliennes à St Quentin-sur-Nohain : 7 mâts sur cette commune, 1 sur St Laurent l’Abbaye. Il avait suscité une vive opposition, avec manifestation devant la Préfecture. Les adversaires annoncent qu’ils vont saisir le Tribunal Administratif.

Affaires diverses, toujours dans le Journal du Centre

Le 21 novembre

  • Ouverture exceptionnelle de l’ancienne huilerie de St Pierre-le-Moûtier le 22 après-midi, avec démonstration, par l’association « L’Huilerie Léveillé »
  • Achèvement tout proche du grand parc photovoltaïque construit par la société Photosol près de Decize, en fait composé de quatre parcs répartis sur Charrin et Vereuil. Sur 69 ha  500 000 panneaux, d’une puissance 43 mégawatts, pourront servir 15 000 foyers, soit 40 000 habitants. Les collectivités locales espèrent      300 000 € de recettes fiscales.
  • Le 23 novembre, toute une page sur un jeune homme audacieux qui produit du savon à base de cire d’abeille au château de Thard, commune d’Onlay près de Moulins-Engilbert. Il projette de réaliser un savon 100 % Morvan comprenant notamment de l’huile de noix. L’article ne précise pas quel moulin la réalisera : il reste dans le Morvan quelques installations, mais peuvent-elles être remises en état ? (Sous le château de Thard subsiste le bâtiment d’un ancien moulin, mais il y a longtemps qu’il n’y a plus de machine meunière).
  • 1er décembre : Colloque sur l’état des églises dans la Nièvre, organisé par la Camosine. Francis Lefebvre-Vary en profite pour rappeler que désormais chaque année, nos journées des moulins de juin sont couplées avec une célébration du patrimoine .  Il  lance également  un appel pour que des associations ou des communes nous rejoignent. M. Marchand, historien de Varzy, informe l’assistance qu ‘entre autres, la fameuse huilerie Marlot se visite tous les vendredis après-midi.
  • 18 décembre : Dans la double page consacrée à la remise du Trophée des Entrepreneurs Nivernais, on remarque Emmanuel Brossard de Raveau, le jeune fabriquant d’huile, auquel nous avions rendu visite il y a peu d’années.
  • 8 décembre : Le Monde : article d’une page à propos de deux livres sur l’histoire de l’industrie, avec en plein centre la reproduction en couleur du dessin d’un moulin médiéval anglais en coupe, avec ses deux roues.
  • 14 décembre : Libération : Se rappelle-t-on l’aventurier et écrivain Henri de Monfreid ? Il a eu un grand succès, notamment lorsque ses « Secrets de la Mer Rouge » ont donné lieu à un feuilleton télévisé vers 1970. Son petit-fils publie un livre sur lui, le décrivant comme un »homme d’affaires » d’ailleurs plutôt « mauvais »; il avait plusieurs entreprises dans « La Corne de l’Afrique » dont une minoterie.      

  A propos des projets de l’Etat : Le Monde, dans son numéro du 1er décembre 2017, publie un article intitulé : « Le gouvernement veut lever les obstacles à l’essor des éoliennes » : « La France compte 6500 éoliennes sur son territoire et elles ne contribuent qu’à moins de 4% de la production d’électricité. Alors que la loi de transition énergétique votée en 2015 fixe des objectifs ambitieux de développement des énergies renouvelables, l’essor des parcs éoliens avance à un rythme trop faible et fait face à de nombreux obstacles. La durée de mise en place d’un parc peut prendre sept à dix ans en France, contre trois à quatre en Allemagne ». Il est donc envisagé de simplifier la règlementation. Pourtant, le 9 novembre, le célèbre quotidien titrait : « Nucléaire : Nicolas Hulot renvoie à plus tard la transition énergétique ».

Livres

 « Raymond Rochette : l’obsession de l’industrie », publié par l’Ecomusée Creusot – Montceaux les Mines et les Editions Somogy. Le grand peintre a beaucoup « travaillé du pinceau » dans les ateliers des usines du Creusot, sa ville natale : à plusieurs reprises il a illustré des ouvriers fabriquant des pales de turbines (on le voit dans 6 pages de ce livre) . Dans ce livre , notons page 58 un joli tableau exécuté par Rochette pendant sa formation: la studieuse imitation d’un moulin à vent hollandais tel que peint par Ruysdaël, un maître hollandais du XVIIème siècle qui a représenté beaucoup de moulins à vent.

Les tableaux invendus de feu Raymond Rochette sont conservés à l’ancien prieuré de St Sernon du Bois, commune limitrophe du Creusot où il avait sa maison, et dont un hameau se nomme « Le Foulon ». Ce nom commémore un moulin à foulon, qui autrefois était animé par les eaux du lac St Sernin. Rochette a peint un tableau représentant ce hameau, mais pas l’ancien foulon. Lorsque Schneider a agrandi le lac pour mieux alimenter ses usines Schneider du Creusot en eau (état dans lequel on le voit aujourd’hui), le foulon ne fonctionnait déjà plus. Ultérieurement, Rochette n’a connu que le bâtiment, dont ne demeurent aujourd’hui que quelques vestiges (on distingue qua ce bâtiment chevauchait le bief).

Ci-dessus la couverture du livre. Une exposition a été consacrée à ses oeuvres l’été dernier au Creusot.

La couverture de l’Almanach bourguignon et de « Anciens moulins du Pays Lyonnais »,  évoqué dans nos nouvelles meunières de novembre 2017 que nous avions oublié de faire paraitre. 

Revues

Pays de Bourgogne : 252-253

 Ce double numéro est centré sur la forêt de Bourgogne et son exploitation au fil de l’histoire. C’est pourquoi, on y trouve page 49 un article de 4 pages : « L’écorce du chêne alimenta les moulins à tan », signé Philippe Landry. C’est aussi l’occasion de rappeler que nombre de villes disposèrent de tanneries, dont Nevers,Cosne (dans la rue Waldeck Rousseau un moulin travailla l’écorce), Clamecy, Luzy … Parmi les illustrations, on remarque une belle photo du moulin de Pressures à Clamecy et du moulin de La Rochelle à Alligny en Morvan.

Sandra Amani signe l’article « La forêt enchantée » dont le paragraphe «  Les fantasmes du meunier » évoque des sorcelleries liées au moulin et au travail du bois, entre autres : « Le Moulin Rouge, sur la commune de Juillenay (Côte d’Or), dissimulé à présent par des bois épais, serait maudit depuis qu’un meunier et son âne s’y sont noyés ».

Dans « L’approvisionnement en bois de la ville de Dijon », Guy Masson dit que la rivière qui la traverse, l’Ouche, était « flottée », ce qui provoqua, comme dans le Morvan, force litiges avec les propriétaires et exploitants de moulins. Au passage il livre cette statistique du milieu du XVIII ème siècle : « L’Ouche de Vevey à Dijon fait tourner 50 roues, qui actionnent les mécanismes de 16 moulins, 2 martinets, 2 foulons, 2 papeteries, une forge et une filerie » . (les martinets forgent le fer et la filerie fabrique le fil de fer; les papeteries sont des moulins à papier).

« Pays de Bourgogne » entretient sa « bibliothèque », laquelle évoque les publications de ses conteurs : on y apprend que la Société d’Etudes d’Avallon, dans son volume 60, publie un article de Sébastien Lambert sur les usines du Cousin dont les papeteries. Le Centre Beaunois d’Etudes Historiques publie dans son tome 34 de (2106) un article de Louis Bonnamour sur ses trouvailles archéologiques dans la Saône;  nous savons par d’autres de ses publications que ce grand archéologue y a trouvé et étudié des meules gallo-romaines et mérovingiennes; pour ces dernières, il pense que certaines viennent de moulins-bateaux ayant flotté sur la Saône du côté de Chalon.

Vents du Morvan

L’article « Dans le grand flot avec Jean Giono » est illustré par une très belle carte postale du moulin du Saut de Gouloux, avec ses deux roues, dont la grande présente cette particularité : on voit sur le pignon son ombre portée, ce qui implique qu’il y avait un écart important entre elle et le mur porteur.

Plusieurs articles évoquent la filière bois et l’utilisation du bois à des fins énergétiques ainsi que les efforts pour que les maisons  en bois soient le moins énergivores possibles.

Dans un autre article, on apprend incidemment qu’une  petite éolienne va actionner une fontaine à Château-Chinon.

Dans l’article exposant pourquoi le projet de tour au sommet du Haut-Follin est abandonné, l’auteur suggère qu’à la place on y pose des éoliennes … de plus de 100 mètres. A notre avis, cela aura le même succès auprès de l’opinion publique, et ce pour les mêmes raisons :  il faudrait abattre beaucoup d’arbres, non seulement pour construire les éoliennes mais également pour les lignes transportant l’électricité produite. Quant à l’esthétique ….

Télévision

Arte :

Dimanche 3 décembre : Documentaire sur un « duel » entre deux grands peintres paysagistes anglais. Turner et Contable. John Constable (1776-1837), fils d’un meunier propriétaire de plusieurs moulins, a préféré consacrer sa vie à la peinture qu’à la mouture. Plus classique que son collègue, il a volontiers représenté des moulins dans ses tableaux. C’est le cas dans deux  célèbres tableaux présentés dans le documentaire, un moulin à vent  et un moulin à eau. De fort belles oeuvres. Un autre tableau, un des plus magnifiques sans doute, « Printemps à East Bergholt » représente son village natal : on y voit à gauche un beau moulin à vent dominant la plaine : un moulin à gros toit tournant, à 4 ailes légèrement inclinées, au corps blanc s’effilant, avec la modeste maison du meunier en dessous. Malgré la grande qualité de son œuvre, John Constable a eu du mal à vivre de sa peinture, ses contemporains trouvant sa manière de présenter la nature trop « radicale » (!).

Samedi 16 décembre :  dans le documentaire « Trois villes à la conquête du monde », grand passage sur Amsterdam à la fin du XVIème siècle, avec soudain toute une ribambelle de moulins à vent tous plus jolis les uns que les autres. Pourquoi ? Parce que c’est un Hollandais qui, dans les années 1592-1594, a inventé le vilebrequin et l’a installé dans des moulins pour que le mouvement horizontal génère un mouvement vertical: cela a permis d’animer de grandes scies à bois, lesquelles ont entraîné l’accélération de la construction des charpentes pour bateau, d’où la supériorité de la marine hollandaise pendant les décennies qui ont suivi.

Musée

Le musée nivernais de l’éducation vient de déménager. Auparavant caché derrière la cathédrale de Nevers, il occupe maintenant plusieurs salles  de l’ancienne école du boulevard Victor Hugo. Plusieurs documents curieux sont affichés, dont une feuille pour apprendre à écrire les mots en « in », laquelle porte  un moulin à vent. Un autre panneau montre un paysage avec en arrière-plan  un moulin à vent.

Expositions

Pendant quinze jours en novembre, le « groupe d’émulation artistique du nivernais » a présenté son « Salon d’automne » au palais ducal de Nevers. On a pu y remarquer un très beau tableau de René Barle, un peintre domicilié à Coulanges-les-Nevers : « La Quête ». Il représente Don Quichotte et Sancho Pança arrivant devant les moulins à vent que le « Chevalier à la triste figure » va prendre pour des géants hostiles et donc tenter de pourfendre de sa lance cinq très beaux moulins, peints à la nuit tombée avec de belles couleurs du soleil  couchant. René Barle semble s’être inspiré des moulins à vent du plateau de Consuegra en Espagne, site où on commémore chaque année le chef-d’oeuvre de Cervantès.

« 1917 : Les Américains sont là » Archives départementales à partir du 4 décembre. L’exposition évoque l’installation des soldats américains dans la Nièvre la dernière année de la guerre 1914-1918. Ils occupent de grands espaces sur plusieurs sites, en particulier à St-Parize le Châtel et Mars sur Allier, où ils aménagent un immense hôpital de campagne. A l’attention des milliers de médecins, infirmiers, blessés, etc…, ils publient des journaux internes, dont « The Marcian » au susdit hôpital dont l’exposition propose les plus belles pages. Un numéro porte le dessin d’une « old tower » de St Parize : en fait on reconnaît le toit d’un des deux anciens moulins à vent de St Parize/  Des pages du journal d’un autre camp sont également affichés  : il a été réalisé par l’imprimerie Fortin, qui occupait un ancien moulin de Nevers (ses machines bénéficieront de la force hydraulique

 jusqu’en 1942).  L’armée française a occupé l’actuel site de l’Institut Supérieur de l’Automobile et des Transports qui se trouve  lui-même occupant l’emplacement du moulin de Givry d’avant 1793. où celle-ci disposait d’un (moulin à vapeur).

Quand la crue emporte le moulin

    En 2011, dans notre numéro 72, le premier de nos bulletins consacrés à l’histoire des moulins d’Avallon, nous avions présenté les documents collectés par notre amis Francine Béguin, relatifs aux dégâts subis par les moulins du fait de crues du Cousin au XVIIIème siècle. Le chapitre soulevait la question suivante : les moulins étant très bien bâtis et les meules étant très lourdes, jusqu’à quel point une rivière pourrait-elle les « emporter » ?

     Dans les Monts du Lyonnais, un massif semblable à celui du Morvan par son aspect, notamment ses vallons bien profonds, coule une petite rivière, la Coise qui dessert notamment les communes de St Symphorien sur Coise et de Coise. Sur son affluent du Couzon, on peut observer un moulin dit du Pont Français proposant de jolis restes dont des meules …  et un petit moulin tout à fait factice. Sur la montagne dominante offrant un beau point de vue se trouvait une chapelle dans laquelle étaient exposés  des  textes illustrés.  en particulier celui intitulé « Inondations 1842 ». En effet, Le 26 août de cette année-là, un énorme orage déverse un terrible déluge, orage,qui dura  cinq heures.  Ses effets sont si violents « comme un tremblement de terre »  qu’il a eu pour conséquence la destruction le moulin aux Pont Français. Au Pont Français, le moulin est carrément « détruit et renversé »; tout y est ravagé et emporté au point que bétail ,mobilier et meules ont été entraînés par le courant